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ST-TITE (31 janvier 2010) – En novembre dernier, une délégation de coureurs du Québec s’est rendue en Floride pour s’offrir deux semaines intensives d’accélération. Il s’agit de Jean-Claude Charbonneau, Jessy Lahaise, Dominic Cianciarelli, Jacques Guerriat, Mark Goyette, Richard Arnold, François Angers et Frédéric Angers. Pour Fred Angers, il s’agissait d’une 3e expérience en sol floridien, après des visites en 2006 et en 2007.

Après une semaine de courses passée près d’Orlando, les gars se déplacent à l’ancienne piste de Morozo maintenant appelée Palm Beach International Raceway à West Palm Beach. Pour le transport, Fred, François et Richard Arnold avait une remorque commune pour leurs trois bolides. Vous comprendrez que cette solution permettait de pouvoir partager le coût de l’essence. Par contre, comme le dit Fred Angers, l’une des premières choses que l’on remarque en arrivant à la piste c’est la grosseur des remorques de certains coureurs. «La grosseur des remorques des gars c’est très impressionnant mais de plus en plus les gars voyagent dans la même remorque. » 

Autre point intéressant qui saute aux yeux à la piste de Palm Beach c’est que tout a été refait à neuf grâce à un investissement estimé à 25 millions de dollars. Par contre, comme le mentionne Fred Angers, malgré cet investissement majeur et des installations de qualité, un fait demeure : la traction n’est pas meilleure qu’ailleurs. « Ils ne font pas de miracle sur la traction, ils sont vraiment bien équipés pour préparer la piste, mais ça ne colle pas nécessairement plus. C’est la fois où j’ai vu le plus d’accidents à Palm Beach. Ça reste qu’ils sont humains. » Toutefois, dans une région où Dame Nature ne cause rarement problème et avec une piste fraîchement revampée, on peut s’attendre à voir des paddocks remplis à craquer. Selon Fred, c’est près de 160 voitures qui participaient quotidiennement aux programmes de courses. Ces journées interminables de courses se veulent très lucratives pour l’organisation de Palm Beach qui selon Angers empoche entre 30 et 40 000$ par jour. 

Tous ces coureurs qui font rapporter gros aux organisateurs, sont divisés en deux groupes fort différents aux yeux de Fred Angers. « Il y a deux cliques chez les Américains les « friendly » et ceux qui ne te parlent pas. » Parmi les plus sympathiques, notons Scott Richardson qui aux dires de Fred est le seul coureur au monde devenu millionnaire grâce au drag. En effet, Richardson est l’un des meilleurs de sa profession. Il ne serait pas rare que d’autres coureurs l’engage en lui demandant de les faire gagner au fond de points. Richardson fait parti de la crème de la crème de l’accélération. Parmi cette crème, il y a des coureurs qui font près de 2 000 runs par année. D’ailleurs, cette expérience acquise à l’usure, à force de faire des runs, se traduit par des temps de réaction quasi-parfaits qui ne laisse pas de place à la moindre erreur. « Les gars là-bas visent entre 0 et 0.005 de lumière .010 et en haut de ça c’est pas bon. » C’est dans cette optique que les Québécois se sont amenés à Palm Beach. Mais le déroulement de la journée ne permettait pas à nos représentants de s’adapter rapidement à leur nouvel environnement. « Nous faisions une run de pratique par jour seulement. Ça prend une grande concentration. Parfois nos courses avaient lieu du même bord toute la journée. » 

Les Américains profitent toutefois de ce fonctionnement pour tenter de tirer avantage sur leur adversaire. « Ils jouent beaucoup avec le stress de l‘autre personne. Keith Russel m’a changé de track en finale. J’avais roulé à droite toute la journée sauf à gauche en demi-finale et pour la finale, il me remet à droite. » Ce manège psychologique du choix de la ligne et l’intimidation que peut tenter l’adversaire peut s’avérer fatal pour un coureur. C’est d’ailleurs pour cette raison que Fred se prépare toujours à courir contre lui-même et contre personne d’autre. Même si dans ce genre d’événement, aucun coureur ne peut être pris à la légère, Angers dit ne pas se soucier de qui se retrouve à ses côtés sur la ligne de départ. «Je suis pas stressé. Je ne m’informe pas pour savoir qui est mon adversaire. Sinon, si tu penses trop à ça t’es fait. Je course tout le temps contre moi pour ne jamais avoir de stress. » Fred a tellement son plan de match d’incruster dans la tête, qu’il n’a même pas remarqué un coureur très connu qui s’est amené à ses côtés. « Je me suis pris contre le gars de Jeg’s, Coughlin et je ne savais même pas que c’était lui parce que je ne porte pas attention à mon adversaire. » 

Reste que même si un coureur est prêt mentalement sur la ligne de départ, rien ne vient confirmer que son temps de réaction et encore moins son temps au bout de la piste seront à la hauteur. « Là-bas tu coupes des bonnes lumières et tu dois prendre une bonne décision au bout du 1/8, en plus la température varie souvent. » Même s’il dit préférer courir sur le ¼ de mille, Fred a su éliminer toute compétition le 20 novembre à Palm Beach. Il croit que la chance était de son côté lors de cette journée. « C’est un exploit gagner contre ces gars-là. La chance était de mon bord. C’est des gars que t’es content d’avoir battus en même temps, il nous connaissent pas beaucoup.» En battant Keith Russel en finale, Angers a mis la main sur un chèque de 5 000$. En réalité, Fred est reparti de la Floride avec 4 000$ puisqu’il avait pris une entente avec Russel que le gagnant empochait 4 000$ et le perdant 2 000$. Une fin heureuse pour Angers qui va pouvoir éponger quelque peu la facture totale des dépenses grâce à ce gain. « En Floride, si tu gagnes pas c’est un voyage qui coûte cher. » 

Maintenant que le dragster est bien remisé, c’est le repos complet pour Angers qui n’entrevoit pas de tournée chez nos voisins du Sud pour la prochaine saison. Il a une bonne raison : sa blonde attend un enfant! « Il n’y aura pas de tournée, ma blonde accouche au mois de mai donc il n’y aura pas de grosses sorties pour la prochaine saison. » Fred sera de retour en piste en juin. S’il mentionne qu’il sera de nouveau très occupé à organiser les programmes de la Série Para-DragRaceQuébec.com à la piste de Sanair, il ne cache pas que nous allons également revoir son dragster sur les autres pistes du Québec au cours de l’été.

*Article par Philippe Lehoux